Le
livre de Zoe Shepard, dénonçant avec humour l'incurie, le népotisme et
l'incompétence des fonctionnaires territoriaux est ambigu car il se
prête à l'amalgame et le bandeau même "comment faire 35 heures en un
mois" venant à la suite du "paradoxe du fonctionnaire" dérange ceux qui
bossent 70 h/semaine, par exemple parfois les profs de terminale dont je
fus. Affirmer que la fonction publique territoriale pourrait voir sans
dommage ses effectifs divisés par trois choque ceux qui craignent à bon
droit le démantèlement de pans entiers du service public. Et qu'une haut
fonctionnaire comme elle se plaît à le répéter, après y avoir participé
comme elle le dit elle-même, s'en prenne à une administration dont elle
est ou fut un membre dirigeant (enfin à demi) gêne un peu, non
sur le plan des faits certainement réels mais de sa motivation : reste
que l'info d'où qu'elle vienne est bonne à prendre même si dans toutes
les administrations on peut voir de telles dérives, en général tues pour
éviter de mouiller des innocents ou des victimes avec les responsables.
La décentralisation a créé en une trentaine d'années un nouvel univers
professionnel largement dérogatoire quant à ses procédures de
recrutement et d'avancement par rapport à la fonction publique d'Etat,
fondées sur une régression sans précédent de l'autonomie des
fonctionnaires par rapport au politique. Un retour en arrière
silencieux. Que le Conseil régional d'Aquitaine dont Zoé Shepard est
membre et qu'elle décrit avec acidité soit géré par une majorité de
gauche ne change rien, les nombreux contentieux opposant les
fonctionnaires territoriaux aux collectivités qui les emploient ont peu à
voir avec la couleur politique des élus gestionnaires. Y domine
aujourd'hui le politique sur le technique, le népotisme sur les
compétences. Dans de nombreuses collectivités locales des chefs de
service sans formation dirigent de jeunes fonctionnaires sur diplômés
aux attentes considérables: exemple le directeur des services culturels
d'une ville, militant zélé mais titulaire d'un simple CAP encadrant
plusieurs jeunes frais émoulus de l'Ecole des Chartes, les conflits
d'autorité ne peuvent manquer.. et la sauce managériale qui engraisse
les tenants d'une pseudo science de l'administration parachève le tout*.
La fonction publique territoriale étant aujourd'hui un employeur
considérable, elle doit jouer un rôle essentiel dans le relèvement de la
France : il serait bon que cette question devienne publique. Refuser le
népotisme, la promotion canapé, et par dessus tout la haine de la
compétence n'est pas un combat de droite, même si la droite s'y
engouffre préférentiellement. Dans une très grande collectivité
territoriale du Midi, le seul polytechnicien présent dans les effectifs,
dut, avant d'être licencié, assurer plusieurs mois le changement des
draps de l'appartement de fonction d'un de ses collègues autodidacte. Blog-base (lien)
Zoe Shepard, Absolument débordée, Paris, Albin Michel, 2010
Zoe Shepard, Absolument débordée, Paris, Albin Michel, 2010
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Zoe goes to war! She is an young high territorial officer (employed by the General Council of "Aquitaine", in the south of France) and denounces in his best seller* its dramatic maladministration : favoritism, incompetence of elected her bosses, lazyness, shameful waste of public funds and so on. Funny... and not so funny.
Zoe Shepard's book, humorously exposing mismanagement, nepotism and incompetence of local administration officials is ambiguous* : it lends to confusion; even its banner "How do 35 hours in a month" disturbs. Say that the territorial public adminsitration could without damage sees its workforce divided by three offends those who rightly fear the dismantling of entire public service : attack a high official administrator (as Zoé likes to repeat she is or was a leading member) is annoying, even if the facts she denounces are certainly true, because of the motivation of the author: a repentant? May be.. But the report, wherever it comes, is nevertheless worth to be considered.
Zoé Shepard, "absolutely overwhelmed", Albin Michel
* Following my experience, I would say that this disproportion, indeed burlesque, between leaders without diplomas and graduates subordinates may have an exactly opposite result, in national Education for instance : the second takes advantage of their qualifications, to do exactly as they please, sometimes having opted for a "cool" work, purely for food, (writers, artists .. with a career more important for them than their official job) yes yes, this also happens, Zoe!
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