Découverte d'un blog ML écolo. Voici un de ses articles, en fait deux images fortes.. et pas très gaies qui m'ont rappelé..
.. une belle histoire qui finit bien...
A nice story, with happy end !
Micocoulier, du grec "microkouli",
(celui qui a de très petites baies)
Il était une fois sur la
route de St Ambroix à St Sauveur, un jeune micocoulier déjà parfaitement architecturé... qui, malgré la roche nue, la chaleur, le vent et l'absence d'eau, poussait : un qui voulait vivre en somme!.. mais qui poussait..
"mal"! enfin "mal" selon les gens de la DDE diligentés pour réparer un
mur effondré dans un virage (un camion l'ayant raté avait boulé 3 m plus bas, chez
moi ; chance inouïe, pas de morts.)
Chance numéro 2 : j'arrive de bon matin, juste
au moment où les ouvriers vont démarrer les tronçonneuses. Chance numéro 3:
l'arbre pousse donc au raz d'une terre mienne. Dialogue de tragédie grecque,
acte un.
− Mais pourquoi voulez-vous l'abattre?
− Parce qu'il fait effondrer la murette.
− Pas du tout, c'est le camion. Regardez en bas,
le corps du mur est parfaitement intact, droit.
− On a des ordres, on y peut rien."
Je ne cède pas. Ils appellent donc le chef, Mr
Coupetout, qui arrive au bout de 10 minutes, le temps sans doute de finir ses
croissants. Les ouvriers rigolent, ça leur fait une pause.
− Regardez en bas et vous verrez que...
− Pas question, on va pas reconstruire pour ensuite...
− Mais je vous dis que..
− Bon écoutez, ça vous arrange bien ce mur pour
éviter de recevoir des bagnoles sur la tête, non ? alors laissez-nous
travailler.. Sinon on s'en fout, on le fait pas, c'est plié.
− OK, ne le faites pas." (Ça, ce n'était pas
prévu!)
− Mais soyez raisonnable, le virage est
dangereux.. Bon et puis assez discuté, on a des ordres de mission, on travaille, NOUS."
Ça chauffe, forcément, c'est un chef. Les ouvriers rigolent
de plus en plus, derrière lui, discrètement. Le micocoulier tremble de toutes
ses feuilles. Alors tant pis, je sors la grosse artillerie.
− En ce cas je vous interdis de passer par chez
moi."
Mr Coupetout connait la loi, approximativement.
− Vous y serez bien obligée dans un mois.
− C'est exact mais d'ici là..."
Fin du premier acte. Ils vont commencer par
l'autre bout sous mon regard suspicieux.. et foutent la paix au micocoulier. Le lendemain, je photographie tous les arbres
poussant au raz de murs sans dommages, il y en a un magnifique sur la route
d'Anduze (et, sournoise, me garde bien de prendre ceux qui les bousillent,
apparemment ça dépend du terrain et de la manière dont ils lancent leurs
racines, le "mien", nickel, les envoie bien droites à la verticale).. Et je file
en deux-chevaux (de l'époque) à la DDE de Bessèges, 8 km, avec mes clichés et un article sur les glissements de terrain causés par l'abattage d'arbres qui retiennent
la terre (il y a eu un accident récemment dans un camping et si j'ose, ça tombe bien).. je m'en vais donc plaider la
cause du micocoulier auprès du Chefduchef. Arrivée à 5 h, zut c'est
limite.. Je croise un monsieur bien mis qui s'avance vers une belle
voiture.
− Je voudrais voir si c'est possible Mr
Chefduchef.
− C'est moi..
Ouahh.. Et je lui tend mon topo. Il regarde, lit. Vite.
Mon cœur cogne.
− Et où c'est exactement?
− A St Ambroix, sur la route de...
− Ah oui.. (zut, Coupetout a dû le briefer contre
la bonne femme-qui-fout-rien et cherche des noises aux valeureux-coupeurs) Allez-y, je vous suis."
Je suis gênée. Regard vers ses chaussures et sa
bagnole...
− Je ne peux pas rouler très vite.. et peut-être
n'êtes-vous pas vêtu comme.. moi, j'en viens. Il y a des broussailles en bas..
− Ça ne fait rien.."
Ouahhh, c'est un bon ! Arrivée 20 minutes plus
tard, à 50 à l'heure, la deux-pattes suivie d'un genre de Safrane de l'époque
piaffant sans doute derrière, un équipage. Il observe. Ne dit rien.
− Venez voir en bas (j'ai un fil à plomb) le mur
est parfaitement droit en dessous de l'arbre, même pas un renflement."
Il re observe, face et biais et hoche la tête.
Mon cœur cogne encore plus : va-t-il oser se défausser de son subordonné?
Va-t-il risquer de passer pour un
faible? Un sans-ce-que-vous-pensez cédant à un caprice d'emmerdeuse? Coupetout est-il son pote? Un missi domici? Un ennemi ?
Et enfin tombe le verdict:
− Mr Coupetout a raison Madame : cet arbre devra être
abattu.. dans 50 ans.."
C'était un homme honnête et un fin politique.
C'est ainsi que le micocoulier a été sauvé.
Ils ont économisé 2 mètres de murette et une ou deux journées de travail. 10 ans
après, il pousse toujours parfaitement droit, fait de l'ombre aux
promeneurs et le mur est intact. Comme on pouvait le prévoir, ses racines qui
furent dénudées pendant les travaux étaient verticales, tirées au cordeau. La
glissière devra simplement être allongée dans quelque temps (et 50 cm de murette devront être abattues pour laisser place à son tronc qui a pris une
ampleur très rapide) ; il me semble qu'il me remercie chaque fois que je passe
devant.
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A REAL FAIRY TALE
One upon a time, on the St
Sauveur's road, in a turn, a young hackberry (photo) perfectly architected.. but
which unfortunately was growing where.. it is forbidden to do (for the DDE,
-direction of department territory-.. DDE who have decided to repair a wall
collapsed by a truck which, missing the turn, fell down 3 meters lower,
(chance, no dead) in my land.
Chance number one: I arrive early, just when the workers are starting the chainsaw ! Chance number two : the tree grows at the limit of the road and my land. Dialogue of Greek tragedy, first act.
− But why would you cut it down ?
−
Because it destroys the wall.
−Not
at all, it's the truck. Look down, the wall's body is perfectly intact. Right.
−But
we have orders, we must obey."
I don't yield. They call the chief, Mr Cut-everything, who arrives 10 minutes
after, time, probably, to finish his coffe and toasts. The workers laugh, that
gives them like a break.
− Look down and you will see that ...
− No
question, we will not build with keeping this tree ...
− But
I tell you ..
−
Well listen, it is well for you this wall to be rebuilt, no? to avoid
receiving some cars on your head, right? then let us work .. Otherwise, we 'll
not rebuild and that's over ! Bad for you.
− OK,
don't rebuild. "(That was not planned, he falls silent one second.)
− But
be reasonable, the turn is dangerous. Then, no more discussions, we work, WE."
I
gives an order. Things are heating up gravely. The workers who were laughing behind
him beggin (not too quickly it seems to me) to take their machine. The hackberry trembles with all its leaves. So do me. So, now, it is the war : I take out the heavy
artillery.
− In
this case, I forbid you to go through my land."
Mr
Cut-everything knows the law, approximately.
− You
will be obliged to do in a month.
−
That's right, but until this time, not ... "
End of
the first act. They begin to work from the other end and leave the
hackberry quiet. Good. The next day, I photograph all trees growing just next
walls without causing any damage, there is one, magnificent, on the Anduze's road..
[and I carefully avoid to take those which had made them collapse.. it seems
that it depends on the earth and how they throw their roots : "mine"
is perfect: it sends its straight on to the vertical like one carrot]..
and I "run" in my "Two-horse" ("run" is excessive : it is a very cheap car, not fast
at all] to the DDE of Bessèges with my photos and a short article about
landslides caused by the cutting of trees (which retains the land. There has
had an accident recently, in a camping, and if I dare, that falls well !).. to plead the
hackberry's case with the Chief-of-cut-everything.
I arrive
at 5 am, damn, it's limit .. In the courtyard in front of the offices, an
amiable gentleman, well dressed, is walking towards a nice car.
− I
want to see if it's possible Mr Chief-of-chief.
−
It's me .."
Ouahh
.. And I hand him my topo. He watches. Reads. Quickly. My heart is pounding.
− And
where is that exactly ?
− At
St Ambroix, on the road ...
− Oh
yeah .. (Damn, Cut-everything surely had brieffed him against
this-woman-who-has-nothing-to-do-except-seeking-noises-to-the-brave-trees'cutters..)
I am embarrassed, looking at his beautiful shoes and his car ...
I am embarrassed, looking at his beautiful shoes and his car ...
−
I can't go very fast.. and perhaps you are not dressed like .. me. I just
come of the land I was speaking about. There are lot of scrub, down, in my
property ..
−
Never mind .. "
Ouahhh
: a good guy ! We arrive 20 minutes later, at 50 km/hour, my
"Two-horses" followed by a kind of Safrane (rapid) probably prancing
with impatience behind, all an equipage! He observes. Say nothing.
− Come and see below please : the wall is perfectly straight under the tree, not even a bulge, it does not destroy anything. "
− Come and see below please : the wall is perfectly straight under the tree, not even a bulge, it does not destroy anything. "
He observes again, face and profile, and nods. My heart is pounding more again: will he dare to contradict his subordinate? In fact, this is a political affair! Will he take the risk of appearing weak? Not a man indeed as Cut-everything ? What are their relations? A friend? An enemy? I dream that he hates him.. And falls the verdict:
−
Mr Cut-everything is right: this tree will be cutted .. in 50 years.."
He
was a political guy. This is how the hackberry has been spared. It seems to me
that he thanks me every time I pass before.