Ce blog parle de villages dont on s'occupe peu dans les médias, parfois miniers comme Saint Florent sur Auzonnet, niché dans une vallée retirée, envaginé au creux de montagnes, Molières sur Cèze, Le Martinet, Saint Jean de Valériscles, La Grand Combe etc... Une vie poétique et dure à faire renaitre pour tous. Germinal. Ayant filé plus loin que prévu -grâce à Aliaa Elmahdy- il est à présent bilingue français-anglais. This blog speaks about Cevennes villages unknown in media, sometimes mining (coal), Saint Florent, nestled in a secluded valley, Molières, Le Martinet, St. Jean, La Grand Combe ... A poetic and hard life revives here. Germinal (Zola). Having spun further than expected, thanks to Aliaa Elmahdy, it is now bilingual. Note: if someone finds mistakes in english, I would be pleased if he corrects them ! Thanks. Hélène Larrivé

vendredi 11 mai 2012

Un conte de fées réel ou un micocoulier sauvé. A real fairy tale..


Découverte d'un blog ML écolo. Voici un de ses articles, en fait deux images fortes.. et pas très gaies qui m'ont rappelé..

.. une belle histoire qui finit bien...
A nice story, with happy end !


mic.jpg
Micocoulier, du grec "microkouli", 
(celui qui a de très petites baies)


Il était une fois sur la route de St Ambroix à St Sauveur, un jeune micocoulier déjà parfaitement architecturé... qui, malgré la roche nue, la chaleur, le vent et l'absence d'eau, poussait : un qui voulait vivre en somme!.. mais qui poussait.. "mal"! enfin "mal" selon les gens de la DDE diligentés pour réparer un mur effondré dans un virage (un camion l'ayant raté avait boulé 3 m plus bas, chez moi ; chance inouïe, pas de morts.)  

Chance numéro 2 : j'arrive de bon matin, juste au moment où les ouvriers vont démarrer les tronçonneuses. Chance numéro 3: l'arbre pousse donc au raz d'une terre mienne. Dialogue de tragédie grecque, acte un.

− Mais pourquoi voulez-vous l'abattre?
− Parce qu'il fait effondrer la murette.
− Pas du tout, c'est le camion. Regardez en bas, le corps du mur est parfaitement intact, droit.
− On a des ordres, on y peut rien."
Je ne cède pas. Ils appellent donc le chef, Mr Coupetout, qui arrive au bout de 10 minutes, le temps sans doute de finir ses croissants. Les ouvriers rigolent, ça leur fait une pause.
− Regardez en bas et vous verrez que...
− Pas question, on va pas reconstruire pour ensuite...
− Mais je vous dis que..
− Bon écoutez, ça vous arrange bien ce mur pour éviter de recevoir des bagnoles sur la tête, non ? alors laissez-nous travailler.. Sinon on s'en fout, on le fait pas, c'est plié.
− OK, ne le faites pas." (Ça, ce n'était pas prévu!)
− Mais soyez raisonnable, le virage est dangereux.. Bon et puis assez discuté, on a des ordres de mission, on travaille, NOUS."

Ça chauffe, forcément, c'est un chef. Les ouvriers rigolent de plus en plus, derrière lui, discrètement. Le micocoulier tremble de toutes ses feuilles. Alors tant pis, je sors la grosse artillerie. 

− En ce cas je vous interdis de passer par chez moi."
Mr Coupetout connait la loi, approximativement.
− Vous y serez bien obligée dans un mois.
− C'est exact mais d'ici là..."

Fin du premier acte. Ils vont commencer par l'autre bout sous mon regard suspicieux.. et foutent la paix au micocoulier. Le lendemain, je photographie tous les arbres poussant au raz de murs sans dommages, il y en a un magnifique sur la route d'Anduze (et, sournoise, me garde bien de prendre ceux qui les bousillent, apparemment ça dépend du terrain et de la manière dont ils lancent leurs racines, le "mien", nickel, les envoie bien droites à la verticale).. Et je file en deux-chevaux (de l'époque) à la DDE de Bessèges, 8 km, avec mes clichés et un article sur les glissements de terrain causés par l'abattage d'arbres qui retiennent la terre (il y a eu un accident récemment dans un camping et si j'ose, ça tombe bien).. je m'en vais donc plaider la cause du micocoulier auprès du Chefduchef. Arrivée à 5 h, zut c'est limite.. Je croise un monsieur bien mis qui s'avance vers une belle voiture.
− Je voudrais voir si c'est possible Mr Chefduchef.
− C'est moi..
Ouahh.. Et je lui tend mon topo. Il regarde, lit. Vite. Mon cœur cogne.
− Et où c'est exactement?
− A St Ambroix, sur la route de...
− Ah oui.. (zut, Coupetout a dû le briefer contre la bonne femme-qui-fout-rien et cherche des noises aux valeureux-coupeurs) Allez-y, je vous suis."
Je suis gênée. Regard vers ses chaussures et sa bagnole...
− Je ne peux pas rouler très vite.. et peut-être n'êtes-vous pas vêtu comme.. moi, j'en viens. Il y a des broussailles en bas..
− Ça ne fait rien.."
Ouahhh, c'est un bon ! Arrivée 20 minutes plus tard, à 50 à l'heure, la deux-pattes suivie d'un genre de Safrane de l'époque piaffant sans doute derrière, un équipage. Il observe. Ne dit rien.
− Venez voir en bas (j'ai un fil à plomb) le mur est parfaitement droit en dessous de l'arbre, même pas un renflement."
Il re observe, face et biais et hoche la tête. Mon cœur cogne encore plus : va-t-il oser se défausser de son subordonné? Va-t-il risquer de passer pour un faible? Un sans-ce-que-vous-pensez cédant à un caprice d'emmerdeuse? Coupetout est-il son pote? Un missi domici? Un ennemi ?
 Et enfin tombe le verdict:
− Mr Coupetout a raison Madame : cet arbre devra être abattu.. dans 50 ans.."
C'était un homme honnête et un fin politique. 

C'est ainsi que le micocoulier a été sauvé. Ils ont économisé 2 mètres de murette et une ou deux journées de travail. 10 ans après, il pousse toujours parfaitement droit, fait de l'ombre aux promeneurs et le mur est intact. Comme on pouvait le prévoir, ses racines qui furent dénudées pendant les travaux étaient verticales, tirées au cordeau. La glissière devra simplement être allongée dans quelque temps (et 50 cm de murette devront être abattues pour laisser place à son tronc qui a pris une ampleur très rapide) ; il me semble qu'il me remercie chaque fois que je passe devant.  


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A REAL FAIRY TALE

One upon a time, on the St Sauveur's road, in a turn, a young hackberry (photo) perfectly architected.. but which unfortunately was growing where.. it is forbidden to do (for the DDE, -direction of department territory-.. DDE who have decided to repair a wall collapsed by a truck which, missing the turn, fell down 3 meters lower, (chance, no dead) in my land.

Chance number one: I arrive early, just when the workers are starting the chainsaw ! Chance number two : the tree grows at the limit of the road and my land. Dialogue of Greek tragedy, first act.

− But why would you cut it down ?
− Because it destroys the wall.
−Not at all, it's the truck. Look down, the wall's body is perfectly intact. Right.
−But we have orders, we must obey."
I don't yield. They call the chief, Mr Cut-everything, who arrives 10 minutes after, time, probably, to finish his coffe and toasts. The workers laugh, that gives them like a break.
Look down and you will see that ...
− No question, we will not build with keeping this tree ...
− But I tell you ..
− Well listen, it is well for you this wall to be rebuilt, no?  to avoid receiving some cars on your head, right? then let us work .. Otherwise, we 'll not rebuild and that's over ! Bad for you.
− OK, don't rebuild. "(That was not planned, he falls silent one second.)
− But be reasonable, the turn is dangerous. Then, no more discussions, we work, WE."
I gives an order. Things are heating up gravely. The workers who were laughing behind him beggin (not too quickly it seems to me) to take their machine. The hackberry trembles with all its leaves. So do me. So, now, it is the war : I take out the heavy artillery.
− In this case, I forbid you to go through my land."
Mr Cut-everything knows the law, approximately.
− You will be obliged to do in a month.
− That's right, but until this time, not ... "
End of the first act. They begin to work from the other end and leave the hackberry quiet. Good. The next day, I photograph all trees growing just next walls without causing any damage, there is one, magnificent, on the Anduze's road.. [and I carefully avoid to take those which had made them collapse.. it seems that it depends on the earth and how they throw their roots : "mine" is perfect: it sends its straight on to the vertical like one carrot].. and I "run" in my "Two-horse" ("run" is excessive : it is a very cheap car, not fast at all] to the DDE of Bessèges with my photos and a short article about landslides caused by the cutting of trees (which retains the land. There has had an accident recently, in a camping, and if I dare, that falls well !).. to plead the hackberry's case with the Chief-of-cut-everything. 
I arrive at 5 am, damn, it's limit .. In the courtyard in front of  the offices, an amiable gentleman, well dressed, is walking towards a nice car.
− I want to see if it's possible Mr Chief-of-chief.
− It's me .."
Ouahh .. And I hand him my topo. He watches. Reads. Quickly. My heart is pounding.
− And where is that exactly ?
− At St Ambroix, on the road ...
− Oh yeah .. (Damn, Cut-everything surely had brieffed him against this-woman-who-has-nothing-to-do-except-seeking-noises-to-the-brave-trees'cutters..)
I am embarrassed, looking at his beautiful shoes and his car ...
− I can't go very fast.. and perhaps you are not dressed like .. me. I just come of the land I was speaking about. There are lot of scrub, down, in my property ..
− Never mind .. "
Ouahhh : a good guy ! We arrive 20 minutes later, at 50 km/hour, my "Two-horses" followed by a kind of Safrane (rapid) probably prancing with impatience behind, all an equipage! He observes. Say nothing.
− Come and see below please : the wall is perfectly straight under the tree, not even a bulge, it does not destroy anything. "

He observes again, face and profile, and nods. My heart is pounding more again: will he dare to contradict his subordinate? In fact, this is a political affair! Will he take the risk of appearing weak? Not a man indeed as Cut-everything ? What are their relations? A friend? An enemy? I dream that he hates him.. And falls the verdict:
− Mr Cut-everything is right: this tree will be cutted .. in 50 years.."
He was a political guy. This is how the hackberry has been spared. It seems to me that he thanks me every time I pass before.