Ce blog parle de villages dont on s'occupe peu dans les médias, parfois miniers comme Saint Florent sur Auzonnet, niché dans une vallée retirée, envaginé au creux de montagnes, Molières sur Cèze, Le Martinet, Saint Jean de Valériscles, La Grand Combe etc... Une vie poétique et dure à faire renaitre pour tous. Germinal. Ayant filé plus loin que prévu -grâce à Aliaa Elmahdy- il est à présent bilingue français-anglais. This blog speaks about Cevennes villages unknown in media, sometimes mining (coal), Saint Florent, nestled in a secluded valley, Molières, Le Martinet, St. Jean, La Grand Combe ... A poetic and hard life revives here. Germinal (Zola). Having spun further than expected, thanks to Aliaa Elmahdy, it is now bilingual. Note: if someone finds mistakes in english, I would be pleased if he corrects them ! Thanks. Hélène Larrivé

vendredi 16 novembre 2012

HUGUETTE CHARRAS

HUGUETTE CHARRAS N'EST PLUS


Pierre-Albert Clément, résistant, ami de toujours, simple, émouvant, parle d'elle


On s'était rencontrées presque par hasard, grâce à une libraire qui avait un peu forcé la relation. Je venais de perdre ma mère, elle en fut aussitôt une autre, toute différente, de son chef puis du mien. Je l'appelais Oriane de Guermantes ("Vu du néant") pour son côté mondain, délicatesse, gentillesse, générosité, sérieux dans le travail version jardin [je lui disais qu'elle était une truite -on l'utilise pour détecter la pollution de l'eau parce qu'elle s'agite dès qu'il y a un toxique- car elle trouvait toujours des fautes dans les manus y compris les miens que j'avais pourtant corrigés et re re re corrigés]... mais non dénuée d'un certain style coterie, ce qu'elle ne déniait pas, mais qui n'empêchait pas sa liberté de pensée. Nous étions opposées -et pour cela peut-être, amies- moi, activiste littéraire sans -trop- souci de casse et elle toujours égale et understatement, trop des deux côtés -donc nous nous complétions- et presque toujours d'accord sur le fond. Malgré la différence d'âge, on s'est très vite tutoyées, de son chef toujours. Le journal -Midi-Libre- était sa famille, les livres sa fratrie, moi, peut-être son troubadour qui la sortait du convenable tout-Alès. Bonne vivante plus que moi pourtant, fine connaisseuse de champagnes et de restau, dans son appartement nickel et accueillant à la fois, il arrivait que l'on sifflât à deux une demi bouteille -et je dévorais en prime les petits fours car il m'était interdit de fumer (!)- Petites bitures et marrades, moqueries -mais elle était toujours bienveillante- et le coeur léger ensuite. Elle m'a tirée d'une mauvaise passe. Je n'ai pas su lui rendre la pareille. Puisse-t-elle me pardonner.