Ce blog parle de villages dont on s'occupe peu dans les médias, parfois miniers comme Saint Florent sur Auzonnet, niché dans une vallée retirée, envaginé au creux de montagnes, Molières sur Cèze, Le Martinet, Saint Jean de Valériscles, La Grand Combe etc... Une vie poétique et dure à faire renaitre pour tous. Germinal. Ayant filé plus loin que prévu -grâce à Aliaa Elmahdy- il est à présent bilingue français-anglais. This blog speaks about Cevennes villages unknown in media, sometimes mining (coal), Saint Florent, nestled in a secluded valley, Molières, Le Martinet, St. Jean, La Grand Combe ... A poetic and hard life revives here. Germinal (Zola). Having spun further than expected, thanks to Aliaa Elmahdy, it is now bilingual. Note: if someone finds mistakes in english, I would be pleased if he corrects them ! Thanks. Hélène Larrivé

vendredi 1 février 2013

La recherche du temps perdu, on a les madeleines que l'on peut Marcel !

In english here (link)

la madeleine.. Pour moi ce n'est pas Combray, mais Molières*




Et le réel, actuellement

__________________

*"La recherche du temps perdu" (Proust, extraits)



"II y avait déjà bien des années que, de Combray, rien n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère me proposa de me faire prendre un peu de thé. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés madeleines et bientôt, accablé par la morne journée je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'en avais laissé s'amollir un morceau. A l'instant même où la gorgée mêlée des miettes toucha mon palais, je tressaillis. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans que je n’en sache la cause. II m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire de la même façon qu'opère l'amour. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ? liée au goût du thé et du gâteau, elle le dépassait infiniment. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit, dépassé par lui-même ; chercher ? pas seulement : créer. Mon esprit est en face de quelque chose qui n'est pas encore et que seul il peut réaliser puis faire entrer dans sa lumière. Un état inconnu qui apportait l'évidence de sa félicité, de sa réalité. En moi quelque chose se déplace, voudrait s'élever, désancré d’une grande profondeur ; je ne sais ce que c'est, mais cela monte lentement ; et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray, quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé. La vue de la madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; mais, quand d'un passé ancien, rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore comme des âmes portant sans fléchir l'édifice immense du souvenir..." 

 Translation in english here (link)