Ce blog parle de villages dont on s'occupe peu dans les médias, parfois miniers comme Saint Florent sur Auzonnet, niché dans une vallée retirée, envaginé au creux de montagnes, Molières sur Cèze, Le Martinet, Saint Jean de Valériscles, La Grand Combe etc... Une vie poétique et dure à faire renaitre pour tous. Germinal. Ayant filé plus loin que prévu -grâce à Aliaa Elmahdy- il est à présent bilingue français-anglais. This blog speaks about Cevennes villages unknown in media, sometimes mining (coal), Saint Florent, nestled in a secluded valley, Molières, Le Martinet, St. Jean, La Grand Combe ... A poetic and hard life revives here. Germinal (Zola). Having spun further than expected, thanks to Aliaa Elmahdy, it is now bilingual. Note: if someone finds mistakes in english, I would be pleased if he corrects them ! Thanks. Hélène Larrivé

jeudi 8 novembre 2012

Gérard Amate, un nouveau livre, à Saint Ambroix

Comme tout ne peut pas toujours mal aller, ou, comme dit la sagesse populaire presque jamais prise en défaut, "à toute chose malheur est bon", une rencontre imprévue à Nîmes.. Ça valait le coup finalement, 30 ans, non 40, merde déjà.. Mais on est toujours jeunes, du moins dans nos regards, discussions, marrades, arrogance et humilité, férocité et tendresse, spleen et euphorie, des gamins qui ont à jamais renoncé à vieillir une fois pour toutes à 17 ans. Pensant que vieillir c'était devenir con (pas forcément, perso j'en tiens une belle.) Il me manque la moitié de la denture, à lui sans doute quelques cheveux mais ce ne sont qu'épiphénomènes et on est toujours jeunes et beaux dans une dauphine rouge pleine de tracts (!) à la Paillade, crénom de Dieu, on va le changer, le monde. La victoire au bout du stylo, mm? Remember, "la petite anar à gueule d'ange". Passons..


Carero Blanco, Manzanas, ETA... Politiquement pas correct, tant pis

L'ETA et certaines de ses actions, Carero Blanco, Manzanas .. qui furent saluées partout, (plus ou moins fort ou plus ou moins hypocritement). Souvenir, il faisait un temps magnifique inhabituel en cette période à Paris, je portais fièrement mon récent chef d’œuvre ma fille dans la rue de Rennes, et tout le monde se souriait. 






"Un travail d'artistes" a-t-on dit partout, minuté à la fraction de seconde. Lorsqu'ils avaient loué vers le 15 novembre un sous-sol au 104 de la rue Coello face au couvent des Pères jésuites où Carero Blanco se confessait et communiait chaque matin -un abonnement comme à Vitatop, il devait avoir beaucoup à se faire pardonner- ils s'étaient fait justement passer pour des sculpteurs.. pour pouvoir se permettre de faire tout le bruit qu'ils voulaient. "Ils emménagent et travaillent dur..." disaient les voisins; de gros bosseurs, courageux, mais souriants et gentils...  

Gros bosseurs, oui ! Et des pro. Durant cinq semaines ils ont creusé un tunnel de 60 cm de diamètre jusqu'au milieu de la rue, entassé le déblai au coin d'une pièce dans des sacs, dressé au bout du tunnel une voûte de trois barres d'acier pour empêcher la chaussée de s'effondrer et finalement déposé délicatement dans la cavité 50 kilos de TNT et fermé la gueule au ciment pour diriger le feu. Vers 7 heures du soir, le 19 décembre, deux hommes en salopette bleue vinrent poser 45 mètres de fil sur les façades des immeubles. "C'est pour les téléphones?" demande un concierge. -Non, pour l'électricité..." Ah bon. Dodo.

Le lendemain, une heure avant l'attentat, ils reviennent avec une mallette (!) et une échelle, l'adossent à un mur, à 70 mètres du 104, l'un y monte, de là, il pourra prévenir son compagnon de l'approche de la voiture et pour être bien sûr de ne pas se tromper d'une seconde [et tout arrêter en cas de bouchon], ils tracent un trait rouge vertical sur le mur du couvent en face de la charge (!) et un grand "C" (!) de l'autre côté près de la fenêtre du 104. 

9 h 30. L'escorte de Carero Blanco, [communion faite donc "fin prêt"] sort de l'église, roule quelques mètres à peine et... une gigantesque explosion retentit dans tout le quartier. Le Révérend Père Turpin qui lit calmement son bréviaire au 3ième étage voit passer devant sa fenêtre une grosse voiture noire (2 tonnes) et croît avoir forcé sur le vin de messe tandis que dans sa cellule, le Révérend Gômez Acebo, plus pragmatique, court avec les saintes huiles soutane à l'air pour administrer l'extrême-onction aux mourants. Merci Jésus, de mourants, il n'y a point! du moins dans la rue, mais des débris et un cratère.. de 15 mètres de long, 10 de large et 4 de fond qui la barre. Écrasée contre l'église, la voiture d'escorte habituelle (un seul blessé, léger. Miracle? Non, la charge a parfaitement été dirigée.) Tout va bien, enfin presque. Re merci Jésus. Mais.. ?

"Mais où est l'amiral ?" se demande-t-on une fois les esprits -relativement- calmés. Sa voiture n'est plus là. Il a dû passer avant l'explosion, non, je viens de la voir, mais alors? Personne ne songe à lever les yeux pour chercher un mastodonte de deux tonnes, Allah Jésus est grand mais tout de même, il ne peut pas s'être envolé.? Si. C'est au niveau du 3ième étage mais à l'intérieur du couvent (!) que la Dodge Dart blindée (2,3 tonnes) pliée en deux comme une vulgaire chemise domine piteusement le jardin. Une superbe parabole, elle a été projetée à plus de 30 mètres, éraflé la corniche presque sans l'abîmer, frôlé le clocher.. et terminé son vol à l'intérieur en s'écrasant sur la terrasse qui le contourne. Qui a parfaitement résisté à cet atterrissage imprévu de bagnole dans les plans d'architectes, les Jèzes bâtissent costaud. Parfaitement calculé. En dessous, le tabernacle est intact.

Trois corps gisent dans le mastodonte humiliamment rétréci, Dies irae, vanitas vanitatum, vulnerant omnes, ultima necat* etc.. Carero Blanco; son garde du corps, profession lucrative mais périlleuse qui nécessite un impitoyable triage des impétrants et son chauffeur (idem). Au sous-sol du 104, on ne retrouvera que des disques révolutionnaires, quelques oranges (!) et 200 sacs de gravats méthodiquement rangés le long d'un mur. Depuis les touristes viennent nombreux se rendre compte.


* "Toutes [les heures] blessent, la dernière tue", sinistre formule apposée par les latins devant les cadrans solaires.


   

 Meliton Manzanas (lien)                                                                               ou encore (lien)