Minable? Pour vous c'est sans aucun doute ce que je suis*. Cependant nous avons bien des points communs. Comme vous, je suis née en 1948 et comme vous, j’ai commencé à travailler à 14 ans [l’École Normale où étaient bouclées les enfants pauvres et "méritants" constituant bel et bien un travail]
puis comme prof. J’ai toujours payé mes impôts sous tous les gouvernements en place. À aucun moment, je n’ai
failli à mes devoirs. Les élèves auxquels j’ai enseigné témoignent de
mon attachement à la justice et à la liberté. J’ai tout à faire ici et
continuerai à le faire d’une autre manière. Je considère moi aussi que
la création et surtout l’engagement politique sont parfois
sanctionnés [par une carrière financièrement et socialement obérée dans mon cas.] Je
ne demande pas -ou presque- à être approuvée. Payer mes
impôts me met dans une merde relative pour diverses raisons que
je n’ai pas à expliciter ici. A un moment, j’ai eu à peine de quoi
manger.
Mais je conserve d'autant plus le désir de changer les choses. De la Sécurité sociale, comme vous, je ne me suis presque jamais servie et comme vous, je me sens citoyenne du monde, ma mère me l’ayant aussi toujours inculqué.
Je
trouve minable l’acharnement Manuel Walls contre les roms qui condamne des gosses à de la garde à vue hard quand tant d’autres
pour des faits autrement plus graves échappent à toute sanction véritable et je blâme ceux qui
conduisent bourrés car s’ils n’ont encore jamais tué comme ils s'en vantent (!) ce n’est qu’une
question de temps; minable également ceux qui, enrichis par nos impôts, sautent du navire lorsqu'il tangue et que des exclus en raison de leur origine auraient besoin d'une aide que vous pourriez facilement leur apporter.
J’ai eu
en charge 3000 ( ?) étudiants et élèves auxquels j’espère avoir apporté
un peu plus de raison, de lucidité et de bonheur. Je ne suis ni à
plaindre ni à vanter. Malgré mes excès, mon anorexie et mon amour de la
vie, je suis un être libre, Monsieur Depardieu, non enchaînée au fric,
et ne vais donc pas rester polie : autrement dit, je vous emmerde. Il
serait mieux de ne plus entendre parler de vous, vous nous faites honte. N'oubliez pas de donner le bonjour à Poutine de la part d’Anna Politkovskaïa et des 118 jeunes marins du Koursk (lien) sacrifiés à sa tyrannie. Hélène Larrivé (lien)
[*Allusion à la lettre de sa fille
parlant de Philipe Torreton comme d'un "petit" jaloux d'un "Grand" (!!!) qui montre bien, y compris dans le milieu de l'art -anticonformiste
hard mais de surface-, que les critères d'appréciation des gens sont les mêmes -mais beaucoup plus lard encore, plus cruels- que
dans les sociétés bourgeoises qu'ils brocardent.. Pas de retenue ici
-c'est pareil dans le milieu du sport en plus bourrin- et en un sens, très bien:
tapis rouge ou coup de pied au cul ; aplatissement ou crachat en pleine
gueule selon le "poids" (financier s'entend) que vous pesez. Rien
d'étonnant donc à ce que les "Grrrrands" se permettent tout ni à ce que,
pour tenir le rang -car ça peut changer d'un jour à l'autre- beaucoup
aient recours à certaines "substances".]