Ce blog parle de villages dont on s'occupe peu dans les médias, parfois miniers comme Saint Florent sur Auzonnet, niché dans une vallée retirée, envaginé au creux de montagnes, Molières sur Cèze, Le Martinet, Saint Jean de Valériscles, La Grand Combe etc... Une vie poétique et dure à faire renaitre pour tous. Germinal. Ayant filé plus loin que prévu -grâce à Aliaa Elmahdy- il est à présent bilingue français-anglais. This blog speaks about Cevennes villages unknown in media, sometimes mining (coal), Saint Florent, nestled in a secluded valley, Molières, Le Martinet, St. Jean, La Grand Combe ... A poetic and hard life revives here. Germinal (Zola). Having spun further than expected, thanks to Aliaa Elmahdy, it is now bilingual. Note: if someone finds mistakes in english, I would be pleased if he corrects them ! Thanks. Hélène Larrivé

mardi 16 avril 2013

Cahuzac. Interview séduction psychothérapie.. et un scoop "j'ignore ce que François Hollande savait" !!

A chaud, après l'interview-psychothérapie (lien) de Jean-François Achilli qui marquera l'histoire politique de cette république où déjà DSK etc.. Un constat préliminaire : les hommes politiques ressemblent de plus en plus à des rock stars.

CAHUZAC ET LES FEMMES

Émouvant et même plus, on a envie de le prendre dans ses bras pour le réconforter (c'est le but)... mais aussi... comment dire? un malaise, d'abord fugace, par moments, puis évident, (par exemple lorsque Achilli parle de l'argent, apparemment c'est là le point-gâchette): l'homme lui-même clivé ("ma part d'ombre" dit-il de manière un peu théâtrale) finit comme tous les personnages de ce type par générer les mêmes clivages chez ceux qui l'écoutent et essaient de pénétrer ses méandres. "Une faute et une idiotie" dit-il de son compte à l'étranger (de mémoire), ajoutant qu'il ne sait l'expliquer, comme toute faute ou imbécilité. Le kaléidoscope montre ici juste le coin de l'autre facette. Parlant de la malversation financière à laquelle il s'est livré comme d'une névrose, d'une passion contre laquelle on ne peut lutter et que l'on ne peut expliquer, il la réduit, "éromantise", (je laisse, je voulais dire "romance") un travers assez peu glamour, le désir de lucre.. et de faire rendre le max à son argent, à tout prix

"Ma part d'ombre.." dit-il pudiquement plusieurs fois, ajoutant, une seule fois "mais qui n'en a pas?". Et bien moi non, si c'est d'un compte suisse dont tu parles Jérôme, comme des milliers, non, des millions de gens, je n'ai pas cette part d'ombre. Fin stratège, il a choisi la psychologisation dans ses généralisations fautives.. la banale minimisation (par moments car à d'autres il en fait presque trop) des fautes typique de ces personnalités, à la fois sûres d'elles, séductrices... et puériles. (On le voit à tous les niveaux, le cambrioleur disant qu'il n'a pas agressé, l'agresseur, qu'il n'a pas violé, le violeur qu'il n'a pas tué, le tueur qu'il ne le voulait pas et le criminel de guerre qu'il a obéi aux ordres..

Et sa démission (de son poste de député) qu'il présente comme un acte choisi de repentance.. alors qu'il a eu le culot de demander tout de suite si c'était possible (!).. qu'il a hésité.. et n fait qu'il ne pouvait faire autrement étant donné le tollé qui a suivi ses tergiversations, une posture stratégique évidente. Et, comme le subodore Collard, le spécialiste, sont-il aussi stratégiques, ses aveux.. des aveux SEULEMENT DE CE QUI A ÉTÉ PROUVÉ JUSQU’À PRÉSENT (on en reste aux 600 000 Euros)? Aveux qui se donnent pour contrition... ce dont on peut douter car c'est toujours avec un train de retard, au fur et à mesure que le convoi s'ébranle et découvre de "sombres" paysages bien plus vastes que prévu qu'il ne peut que confirmer (et non avouer). Comme tout délinquant bien conseillé, il se bat pied à pied et ne reconnaît que ce qu'il ne peut pas ne pas reconnaitre. Sincère pourtant? Les trois peut-être, il donne le vertige (est-ce le but?) Ça, ce n'est peut-être pas volontaire.

Il a incontestablement des moments où il dit "vrai" (lorsqu'il affirme avoir été piégé par sa propre ambition et ne pas avoir eu le courage de refuser le poste.. de traqueur de la fraude fiscale ! proposé par Hollande.. puis s'être enferré dans la duplicité par une sorte de schizoïdie en tentant d'oublier ce cadavre dans le placard qui sentait de plus en plus mauvais).. des moments de sincérité, ou du moins qui le semblent (car lorsqu'il affirmait ne pas, ne jamais avoir eu de compte à l'UCB et fustigeait/menaçait les journalistes de Médiapart, il avait les mêmes accents).. lorsqu'il demande pardon à x reprises (à ses proches, ses collègues, à Hollande, jamais au quidam/es notez le, si ce n'est ses électeurs de Villeneuve).. et qu'il se dit dévasté.. Oui, il faut un certain courage en effet... Un zeste d'égocentrisme puéril aussi, sincère assurément, ça doit être la part minime d'impro qu'il s'est autorisé, lorsqu'il dit que les journalistes de Médiapart ont démoli sa vie (!) mais il se reprend et ajoute que c'est lui-même qui en est responsable en raison de, redite, "sa part d'ombre", toujours l'euphémisme pour appât du gain, le seul ici qui nous intéresse.

 Mais il montre juste après le bout de l'oreille lorsqu'Achilli (qui ne le ménage pas, presque jusqu'à la cruauté) lui demande s'il va renoncer à ses indemnités parlementaires (auxquelles il a théoriquement droit) comme cela lui a été fortement demandé par Hollande, par décence : "ce sont mes avocats qui s'en occupent juridiquement".. autrement dit, NON et je vais me battre jusqu'au bout pour mon fric.. dommage! tout était presque bien joué jusque là, des professions de foi, les violons etc.. mais il semble que dès qu'il s'agit d'actes et en le cas d'argent, il y ait des couacs qui foutent tout en l'air. Ta crédibilité (déjà pulvérisée) valait bien six mois de salaire, Jérôme, si gros soit-il. Là, mais sans le vouloir, il nous la joue Scarlett O'Hara, sans l'excuse de la guerre et d'avoir crevé de faim.

C'est le temps de cytises!

Et enfin, et surtout! le SCOOP, vers la fin : cette terrible phrase mine de rien sur Hollande! "Que savait-il ?" demande Achilli. "J'IGNORE CE QU'IL SAVAIT" répond Cahu de la voix douce dont il ne se départit pas pendant tout l'interview. Je dis bien, je répète "j'ignore ce qu'il savait" (!!) et lorsqu'Achilli interloqué par la formule rétorque "vous voulez dire que peut-être il était au courant?" il se reprend (ou feint de se reprendre car il est évident que l'ambiguïté de la tournure est voulue et que ses tirades ont été préparées).. et réaffirme qu'il a menti à TOUT LE MONDE. Enorme! Il fait ici en filigrane comme s'il consentait à payer pour d'autres, un martyr (car si Hollande savait et n'a rien dit c'est qu'il avait ses raisons.. Aïe.. Et là, c'est TOUT le gouvernement qui tombe. Sous ses dehors "jedemandepardon", il les fout tous (ses collègues, ses "amis", ses camarades) dans une merde comme jamais. Comme un truand qui pour se dédouaner mouille les autres ou du moins leur envoie le message classique, lâchez moi ou je vous lâche. Des dessous ? cet argent qui baladait de Suisse à Singapour, un financement de sa campagne électorale? Ce ne serait pas la première fois.. Certes il dément mais après le "je ne sais pas ce que François Hollande savait", le ver est dans le fruit et tout est possible. Mine de rien, il vient de lui envoyer un énorme pavé, le "dévasté". Sacré Cahu, dévasté, oui, c'est sûr ou disons très probable, avec lui tout est dans le probable, mais justement, c'est lorsque la bête est blessée contre le mur qu'elle est la plus dangereuse.

Là, après avoir compati à la douleur de l'homme [à la place de qui personne ne voudrait être] on est soufflé, mais avec un recul de quelques minutes, en mettant tout à plat : comme toutes les personnalités clivées, il emporte l'adhésion spontanée par l'émotion.. qui perdure un moment, l'émotion est plus tenace que la logique, qui demeure donc pendant quelques instants, quelques secondes seulement pour les plus habitués.. ou définitive pour les lents ou les néophytes, la majorité.. on est soufflés donc de le voir soudain à l’œuvre tel qu'on l'avait habitué : "je peux parler si je veux" dit exactement sa formule, qui vient.. après les "excuses" bouleversantes réitérées (!) -Hollande a dû mal dormir cette nuit-.. sous-entendu laissez-moi tranquille (s'agit-il de ses indemnités qu'il lui demande d'abandonner? de plus que ça?) Un coup de bluff (?) mais contre Hollande et d'autres cette fois, à supposer, chose improbable, que celui-ci n'ait rien su ? STUPÉFIANT. Il balance donc à sa manière, à mi mot, mais, c'est là son art, après s'être rendu sympathique avec un talent assez époustouflant. On y a cru.. presque. J'y ai cru, quatre secondes.


IL NE PARLE PAS, IL DRAGUE.. 
ET CA MARCHE! LE MACHO 
INSUPPORTAIT, L'HOMME 
BLESSÉ ÉMEUT

La manip est simple: il a mis le public, surtout féminin, dans sa poche... en effet, il ne parle pas, il drague, c'est clair qu'en tête à tête, ce genre de tirade finit au pieu, ne nous la fais pas Jérôme, les femmes adorent les fragiles c'est bien connu, en tout cas par toi et par tous les mecs futés, regarde, même Moreno était émue soft pour une fois et avait abandonné son ton adjudantesque pour devenir elle aussi presqu'émouvante.. et belle ma foi !... Donc il met les femmes de son côté (mis à part quelques couacs sur le fric, c'était presque réussi) et le voilà à présent qui retourne l'ire du popu vers.. d'autres, plus puissants que lui. Bouc émissaire? martyr? Assez fort, le coup. [Cf "Noces Kurdes" où le personnage principal -un être de ce type- dit "la question est de plus ou moins mouiller tout le monde, ne serait-ce que par leur silence, leur amitié, leur amour : après, longtemps après, personne n'osera te dénoncer, ils ne seront plus crédibles, on les dira complices et tout le monde nous croira contre eux.."] Psychologiquement passionnant, l'archétype de ces personnalités clivées avec lesquels la vie commune toute en hauts et bas, ciel et gouffre est épouvantable. Un tel malaise que je me suis endormie aussitôt ceci écrit, épuisée par ces émotions contradictoires [qui me rappelaient des souvenirs].

Oui, Arpi a raison : l'affaire Cahuzac ne fait que commencer. 

Cahuzac, des pruneaux à l'adieu au légionaire





Cahu, l'adieu au légionnaire... et en toute foi dans les politiques