Différences culturelles, si l'on peut dire !
Hier je
cherchais la signification exacte en français de « hasta siempre » en
espagnol, supposant (pour l’avoir entendu mille fois) et aussi à partir du
latin que cela voulait dire « qu’il (ou qu’elle) soit (ou vive) toujours »…
contre des « jeunes » (25, ? 50 ? et 30 ans ? mettons
Pedro, Gilles et Sophie) assurant à la suite de Pedro (d’origine espagnole) que
cela voulait dire « être simple ». Impossible ; pour les
convaincre, je mentionnais notamment Che
Guevara et la chanson de Césaria Evoria qui se termine par ce slogan maintes
fois entendu : ça n’aurait eu aucun sens dans le texte. Personne n’est
convaincu. (Cela veut dire « être simple », point.)
Deux contre
un car le plus « âgé », Gilles, excellent informaticien, (il était en
train de bricoler mon ordi, raison pour laquelle je ne pouvais vérifier) suspend
prudemment son jugement. Mais je tenais bon. « Voyons, souvenez vous (!) :
la chanson de Césaria Evoria sur Che Guevara ! Hasta siempre !» Ils
persistent. « Et je me rappelle aussi les manifs, (sous entendu à sa mort)
évidemment vous ne vous en souvenez pas mais.. »
Sophie, un
peu (juste un peu) ébranlée regarda alors sur google avec son téléphone
(merveille) : « cela est traduit pas « adieu » dit-elle. « Soit, sans doute une manière plus
poétique et plus optimiste de dire la même chose »… Tout le monde en
convient. J’ai raison. Vive le latin. Et le Che. Mais la question n’est pas là.
La suite de la conversation est édifiante :
Gilles (qui,
toujours curieux, cherche sur son portable la chanson) : « Je savais pas que
Shakira avait fait ça.. » ?!!!...
« QUOI ? »
Je m’aperçois alors qu’il a compris Shakira à la place de Che Guevara (donc que
notre bref échange de réplique n’avait aucun sens) et que c’est en cherchant
sur You tube qu’il s’aperçoit de son erreur, et encore même pas tout à fait...
(Note :
heureusement qu’il l’a fait sinon je n’aurais jamais détecté la méprise.)
J’éclate de rire. Personne ne comprend, personne
ne rit : car je me rends compte aussi qu’aucun des trois ne sait, (sauf
peut-être Pedro mais qui semble ailleurs ?) n’a jamais su qui est le Che (et
encore moins hasta siempre) ... et que peut-être à la suite de Gilles tous ont
pensé à Shakira..
Une autre culture
en somme… une autre « culture » s’expose devant nous, que nous ne
comprenons pas plus qu’ils ne nous comprennent, des références différentes, (mais
opposées, c’est cela qui interpelle, les unes, les nôtres, politiques, les
autres, les leurs, bouffe –voir plus loin- et ici cul) que chacun croit commune
voire éternelles et ne lui sont que propres et significative d’un « engagement »
si l’on peut dire dans le second cas.
Car il y a
pire. Je me souviens soudain... plus
grave, car le gus assez âgé –plus que moi- est « journaliste » (très
exactement directeur d’une revue régiolante.. euh je laisse, régionale !
très vendue et de bonne réputation…) plus grave ce « journaliste »
donc, qui au cours d’une interview au sujet de mon livre « Noces kurdes »
récemment sorti sur lequel il se proposait de faire un article, alors que j’avais
parlé des « peshmergas* », un moment après, reprit : « oui,
comme vous disiez, si les « pèches melba » sont soutenus par
les américains.. etc etc..» Pèches
melba ?!! Forcément, j’ai cru à de l’humour, bien que cela ne parût pas du
tout son genre : non, ça n’en était pas. (Depuis, je l’appelle ainsi et le surnom
lui est resté.)
« Shakira »
à la place de « Che Guevara »… « Pèches melba » à la place
de « Peshmergas » … oui : politique d’un coté, bouffe et cul de
l’autre, un fossé nous sépare d’où incompréhension et parfois disputes. Cela ne
me fait pas tellement rire finalement. Qu’avons-nous
fait de nos enfants ? (Mais là il ne s’agit pas d’enfant car le gus est
plus âgé que moi. Pire donc… ou au fond moindre aussi car il durera moins.)
*Combattants
kurdes indépendantistes, (mot kurmandji que l’on peut traduite par « ceux
qui regardent la mort en face ».)
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