Il faut bien qu'il y en ait un qui commence si on veut respirer librement!
Aliaa, juste un jeune phoque qui sort de son trou pour respirer
L'exil n'est jamais rose, surtout comme réfugié. D'abord, le traumatisme du départ souvent définitif ou de l'exfiltration, la perte de ses repères, amis, famille, pays, de tout ce qui a jusqu'alors constitué votre univers entier. Et ensuite, parfois, la détresse et la faim, les démarches. Puis une embellie enfin (pour certains), on est "reconnu", réfugié politique, c'est un immense soulagement. Mais ce n'est pas encore la fin des tracas. A présent, ils vont devenir autres, moindres mais présents tout de même.
Le problème est que sont parfois hébergés côte à côte dans les pays-hôtes des gens fort différents : ceux qui se sont trouvés simplement au mauvais endroit au mauvais moment (et du mauvais genre) et des engagés parfois célèbres. Des apolitiques, des activistes, des ignorants, des intellos pointus, des pauvres, des favorisés (ex favorisés certes mais les traces perdurent) et le mélange peut être délicat. La seule chose qui nous unit est la détresse de l'exil mais leurs causes en sont parfois différentes. Les premiers reprochent fréquemment aux seconds, surtout s'ils sont connus, leur engagement ou plutôt d'avoir "cherché" le drame, de mériter leur sort, voire de prendre la place d' "innocents" qui restés au pays, risquent leur vie.. ou pire encore, d'être responsables de leurs malheurs et de leur faire courir un danger en même temps qu'eux.
Mais il peut aussi se trouver que des gens d'obédience différentes ou opposées (!) soient contraints de partager un même lieu, de quasiment cohabiter. Ainsi en Belgique où je fus accueillie avec mon premier mari, nous vivions dans un château certes, bénéficiant d'un confort que nous n'aurions jamais osé espérer ni même imaginer.. mais avec d'autres réfugiés (iraniens) moins bien logés que nous et que nous supposions (?) intégristes.. avec lesquels nous devions partager la cuisine fort heureusement immense ainsi que la salle de bains (!) Nous nous méfiions d'eux comme eux de nous.
Il n'y a rien à reprocher aux belges que je profite pour saluer, notamment M° de Waelhens, le philosophe résistant (leur "de Gaulle") spécialiste de Husserl qui m'a accueillie comme si j'étais sa fille.. et qui, alors que je le remerciai de nous avoir procuré travail et logement, me répondit du haut de ses (2 ?) mètres, "c'est nous qui sommes honorés que vous ayiez choisi la Belgique", formule à jamais inoubliable*. Mais il reste que l'ambiance du château était spéciale: fermée, distanciée, tout le monde se méfiait de tout le monde. La peur d'un infiltré, d'un guet-apens le soir dans le parc désert lorsque nous rentrions, la nuit tombe vite et dans le plat pays, le ciel est sombre.
Aliaa, dans les mêmes conditions, vit la même chose et d'autant plus que son immense célébrité la met encore davantage en évidence que nous ne l'étions. Mais elle est enfin libre. Le prix de la liberté lorsque l'on a la malchance de vivre en pays de charia ou quasiment est immense. Elle dit que ça en vaut la peine. Plus ici (lien)
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*Trois liens sur Alphonse de Waelhens, assez peu numérisé (!)
3http://www.jstor.org/discover/10.2307/40902417?uid=3738016&uid=2129&uid=2&uid=70&uid=4&sid=21101993998827
Aliaa, dans les mêmes conditions, vit la même chose et d'autant plus que son immense célébrité la met encore davantage en évidence que nous ne l'étions. Mais elle est enfin libre. Le prix de la liberté lorsque l'on a la malchance de vivre en pays de charia ou quasiment est immense. Elle dit que ça en vaut la peine. Plus ici (lien)
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*Trois liens sur Alphonse de Waelhens, assez peu numérisé (!)
3http://www.jstor.org/discover/10.2307/40902417?uid=3738016&uid=2129&uid=2&uid=70&uid=4&sid=21101993998827
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