Ce blog parle de villages dont on s'occupe peu dans les médias, parfois miniers comme Saint Florent sur Auzonnet, niché dans une vallée retirée, envaginé au creux de montagnes, Molières sur Cèze, Le Martinet, Saint Jean de Valériscles, La Grand Combe etc... Une vie poétique et dure à faire renaitre pour tous. Germinal. Ayant filé plus loin que prévu -grâce à Aliaa Elmahdy- il est à présent bilingue français-anglais. This blog speaks about Cevennes villages unknown in media, sometimes mining (coal), Saint Florent, nestled in a secluded valley, Molières, Le Martinet, St. Jean, La Grand Combe ... A poetic and hard life revives here. Germinal (Zola). Having spun further than expected, thanks to Aliaa Elmahdy, it is now bilingual. Note: if someone finds mistakes in english, I would be pleased if he corrects them ! Thanks. Hélène Larrivé

lundi 3 août 2015

Le Che et Shakira, un couple improbable quoique...

Le couple de l'année...



Un couple improbable certes, quoique...


Différences culturelles, si l'on peut dire !
Hier je cherchais la signification exacte en français de « hasta siempre » en espagnol, supposant (pour l’avoir entendu mille fois) et aussi à partir du latin que cela voulait dire « qu’il (ou qu’elle) soit (ou vive) toujours »… contre des « jeunes » (25, ? 50 ? et 30 ans ? mettons Pedro, Gilles et Sophie) assurant à la suite de Pedro (d’origine espagnole) que cela voulait dire « être simple ». Impossible ; pour les convaincre,  je mentionnais notamment Che Guevara et la chanson de Césaria Evoria qui se termine par ce slogan maintes fois entendu : ça n’aurait eu aucun sens dans le texte. Personne n’est convaincu. (Cela veut dire « être simple », point.)
Deux contre un car le plus « âgé », Gilles, excellent informaticien, (il était en train de bricoler mon ordi, raison pour laquelle je ne pouvais vérifier) suspend prudemment son jugement. Mais je tenais bon. « Voyons, souvenez vous (!) : la chanson de Césaria Evoria sur Che Guevara ! Hasta siempre !» Ils persistent. « Et je me rappelle aussi les manifs, (sous entendu à sa mort) évidemment vous ne vous en souvenez pas mais.. »
Sophie, un peu (juste un peu) ébranlée regarda alors sur google avec son téléphone (merveille) : « cela est traduit pas « adieu » dit-elle.  « Soit, sans doute une manière plus poétique et plus optimiste de dire la même chose »… Tout le monde en convient. J’ai raison. Vive le latin. Et le Che. Mais la question n’est pas là. La suite de la conversation est édifiante :
Gilles (qui, toujours curieux, cherche sur son portable la chanson) : « Je savais pas que Shakira avait fait ça.. » ?!!!...
« QUOI ? » Je m’aperçois alors qu’il a compris Shakira à la place de Che Guevara (donc que notre bref échange de réplique n’avait aucun sens) et que c’est en cherchant sur You tube qu’il s’aperçoit de son erreur, et encore même pas tout à fait...
(Note : heureusement qu’il l’a fait sinon je n’aurais jamais détecté la méprise.)
 J’éclate de rire. Personne ne comprend, personne ne rit : car je me rends compte aussi qu’aucun des trois ne sait, (sauf peut-être Pedro mais qui semble ailleurs ?) n’a jamais su qui est le Che (et encore moins hasta siempre) ... et que peut-être à la suite de Gilles tous ont pensé à Shakira..
Une autre culture en somme… une autre « culture » s’expose devant nous, que nous ne comprenons pas plus qu’ils ne nous comprennent, des références différentes, (mais opposées, c’est cela qui interpelle, les unes, les nôtres, politiques, les autres, les leurs, bouffe –voir plus loin- et ici cul) que chacun croit commune voire éternelles et ne lui sont que propres et significative d’un « engagement » si l’on peut dire dans le second cas.  
Car il y a pire. Je me souviens soudain...  plus grave, car le gus assez âgé –plus que moi- est « journaliste » (très exactement directeur d’une revue régiolante.. euh je laisse, régionale ! très vendue et de bonne réputation…) plus grave ce « journaliste » donc, qui au cours d’une interview au sujet de mon livre « Noces kurdes » récemment sorti sur lequel il se proposait de faire un article, alors que j’avais parlé des « peshmergas* », un moment après, reprit : « oui, comme vous disiez, si les « pèches melba » sont soutenus par les américains.. etc etc..»  Pèches melba ?!! Forcément, j’ai cru à de l’humour, bien que cela ne parût pas du tout son genre : non, ça n’en était pas. (Depuis, je l’appelle ainsi et le surnom lui est resté.)

« Shakira » à la place de « Che Guevara »… « Pèches melba » à la place de « Peshmergas » … oui : politique d’un coté, bouffe et cul de l’autre, un fossé nous sépare d’où incompréhension et parfois disputes. Cela ne me fait pas tellement rire finalement.  Qu’avons-nous fait de nos enfants ? (Mais là il ne s’agit pas d’enfant car le gus est plus âgé que moi. Pire donc… ou au fond moindre aussi car il durera moins.)

*Combattants kurdes indépendantistes, (mot kurmandji  que l’on peut traduite par « ceux qui regardent la mort en face ».)