"La curée" est une
histoire quasi stendhalienne (malgré l'anachronisme) d'un parvenu, pervers, ici un affairiste "politique" désireux de réussir à tout prix, qui ne
le cache guère et y parviendra, d'une curieuse manière, triple : d'abord par la
trahison et l'opportunisme qui vont jusqu'à la mort, y compris d'un proche (changeant de casquette lorsqu'il sent tourner le vent en faveur de Napoléon
III, il le laissera fusiller sans intervenir, donnant ainsi des gages au
nouveau pouvoir rallié in extremis), puis par la corruption, il spécule ensuite sur des biens qui vont lui être rachetés dix fois le prix, usant des
informations d'un frère ministre –et complice– qui connaît les projets de
rénovation de Paris et peut les infléchir (c'est qu'on pourrait appeler de nos
jours un délit d'initié) et enfin il exploite des "établis" de tous temps,
riches personnages futiles et finalement désarmés présentés comme décadents et
naïfs, les femmes en premier évidemment, allant jusqu'à consentir, alors que sa
propre épouse gravement malade n'est pas encore morte... (elle expirera
opportunément peu après) à se marier avec une jeune, belle et riche
aristocrate, unique héritière d'une fortune, malencontreusement violée au
sortir du couvent (par un homme plus âgé qu'elle de 20
ans) et enceinte, que son père cherche à tout prix à établir (elle fera une fausse-couche et
ce sera tout bénéfice).
Zola pointe ici la fragilité des anciennes
classes dominantes engluées dans des positions morales rigides, inadéquates et
mortifères dont les femmes font les frais en tout premier lieu, le père
n'ignorant rien de ce que vaut Saccard et des raisons pour lesquelles il consent à épouser Renée,
l'initiant lui-même, sacrifiant ainsi sa fille à ce qu'il croit être l'honneur
de son nom. Elle s'étourdira ensuite par une vie futile et dispendieuse,
quelques amants de la même veine, dans l'indifférence d'un mari auquel de
telles dispositions conviennent parfaitement. Frustration? irrespect pour cet époux plus âgé qui sous des dehors aimables la méprise et
l'exploite ouvertement ? (il a accaparé tout son argent, elle l’ignore mais sait fort bien
qu'il ne l'a épousée que pour le profit), elle tombera follement amoureuse de
son propre beau-fils rappelé de Province par son père, un être comme elle (le
cynisme en plus) léger, inconsistant, voguant au gré des circonstances et
totalement dépendant de Saccard qui a tout pouvoir sur lui. Un amour fou envers
un homme enfant qu'elle domine, qui ne lui semble pas dangereux ; ayant été
violée puis mariée de force par son père avec un homme qui n'en voulait qu'à sa
position et sa dot, les hommes plus âgés lui semblent redoutables. Notons que
la différence entre son beau-fils et elle est moindre qu'entre Renée et
son mari. Maxime lui cède et ce sont quelques moments de gaieté, de bonheur pur
et enfantin, insouciants. Ils se cachent à peine.
Saccard découvre l'adultère et en
pragmatiste glacé, occulte sa fierté pour s'en servir. Il sait immédiatement tirer profit de
toutes situations, même les plus tragiques, inattendues ou blessantes. Coup
double encore une fois : désireux à présent de se débarrasser d'une femme
encombrante qui risque de le dénoncer (il a besoin de toute sa dot, du reste
déjà investie dans ses affaires, se trouve à ce moment au creux de la vague et
ne peut la rembourser), il va utiliser son fils pour la briser, et le briser
par la même occasion mais peu lui en chaud, en lui faisant miroiter un riche
mariage avec une jeune fille infirme et aimable qu'aucun jeune homme de son milieu n'aurait volontiers pris pour femme, seule issue pour le sauver de la banqueroute..
Double but. Le jeune homme résiste.. puis cède sous la pression. Désespérée par
la trahison du seul être qu'elle ait aimé, Renée tentera de le reconquérir, en
vain, et sombrera dans la folie. Elle mourra opportunément peu après de douleur
(et d'une méningite). Maxime est marié, sa jeune épouse ne vivra pas longtemps,
la fortune de Saccard est une fois de plus sauvée par les femmes et les affaires.
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"The curee" is a novel from Zola
which evokes those of Stendhal. (A man who uses of women to climb in social
scale.) It puts on scene a cynic character, Saccard, who wishes with passion
succeed in society at any cost. First he betrays an comrade and cousin that he
leaves to be shot in front of him without intervening, so to give pledges at
the new power that he has rallied in extremis when he has felt the tide change.
Secondly, by women, rich women, aristocrats, a bit artless. Arrived in Paris, he accepts to marry Renée, a young
rich lady, but pregnant (after a rape) whose father, to save what he thinks to
be the honour of their name, is searching an husband quickly. But problem, he
has a wife, very ill, but not yet dead ! Never mind, he is OK to marry Renée !
His wife dies opportunely, so he can have Renée ... and above all her money ! that
he uses to his own affairs (speculation with his brother's complicity, minister
who reveals him the renovation projects of Paris, so he buys buildings that he
will sell after one hundred time more at the city).. without warning her in any
way ! Unhappy, with such a husband who despises and exploits her, Renée falls
in love with Maxime, her step-son, a child-man who she dominates. Raped,
forced by her father to married a
despicable man she does not love, she is wary of men. Here, at last, she has
moments of pure happiness with the young boy.. But Saccard discovers his
cuckolding... and intends to take profit of this, as he does for everything,
even of tragedies. Because now, he desires to get rid of such an useless wife that
he has stripped and he has no money to give back her dowry as he has to do if
he divorces for he has all invested in his affairs ! So, he convinces his son
to leave Renée, promising him a rich marriage with a infirm and amiable young
girl.. and Renée, who has in vain tried to regain Maxime, dies,
crazy of despair. Thus, Saccard is twice saved of ruin.