Vite
fait : il arrive chère Zoé, que des hauts fonctionnaires, après avoir passé le
concours, l'ENA par exemple, choisissent intentionnellement des
administrations et des postes pépères pour pantoufler ou se consacrer à une autre carrière plus porteuse
(politique, littéraire, artistique etc..) Les "finances" sont au top
mais il faut bosser, la "culture" au low mais on peut glander à 98%. Avoir un chef muni d'un simple CAP qui ignore
le temps que prend réellement un article de synthèse, une étude ou un projet (une h par ex) et qui de toutes manières n'osera jamais vous
faire de remarques est bien pratique*.
Cela
n'est jamais sanctionné et il arrive même que ledit réussisse bien
mieux (ailleurs voire dans le poste) que le bosseur. Exemple : il me fut
donné autrefois de prendre la suite d'un collègue prof de philo dans
une ville de province, mettons Toulouse, qui n'avait quasiment pas
assuré ses cours depuis un trimestre. Malade? Non. Il était à Paris pour
des contacts, briguant un détachement d'attaché culturel, mettons en
Argentine. Le proviseur lui conservait toute son estime (en apparence)
lui demandant seulement de se mettre enfin en arrêt-maladie pour qu'il
puisse le remplacer.. le temps d'avoir sa nomination officielle.
Les parents, toute la bonne bourgeoisie du bled, protestaient
très fort... alors que durant tout ce temps, comme TR, quoique payée,
je me morfondais dans des bahuts où personne n'avait besoin de moi voire
carrément chez moi. Il me souvient que dans l'un d'eux, le principal
m'avait accueilli fort aimablement (sur diplômée j'étais pour ce petit
collège paumé) me demandant ce qu'il allait pouvoir me faire faire... et
je lui avais répondu que je pourrais assurer par exemple les
"transferts d'appels" (il s'agissait de monter le plus vite possible les
4 étages pour aller chercher la personne demandée, l'établissement n'ayant qu'un seul poste au rez de chaussée.)
"Je suis sportive".. "C'est ce qui s'appelle utiliser les compétences" avait-il conclu en riant et le fait est que ce fut mon unique job..
Lorsqu'enfin je fus nommée (joie!), je fus accueillie avec tapis rouge, parents,
proviseur, tous prêts à se mettre en quatre pour moi, sur-salaire, appartement à côté,
école pour mon fils juste en face ("si l'emploi du temps le nécessite,
on pourra diligenter un pion pour l'y conduire") bahut ouvert jour et
nuit avec toute la bibliothèque à ma disposition ("quand vous aurez
fini, tapez à la vitre je fermerai") et un "adjoint" à mon service
faisant en temps réel toutes
les photocops que je voulais. Il faut dire, 3 terminales L (!) coeff 8 (!) qui
n'avaient quasiment pas eu de prof de philo depuis 3 mois, pour
rattraper ça...
Épilogue : le collègue obtint sa nomination en Argentine où, doublement payé, il
passa son temps en conférences, visites mondaines, expositions, voyages
etc.. (peut-être efficace, je l'ignore) ; les élèves eurent tous le bac (mais j'arrivai en fin d'année en "burn out") et
l'année d'après, quoique bénéficiant d'un rapport dithyrambique, le
poste fut attribué à une pistonnée mollassonne et je fus moi, nommée à
titre de "faisant fonction" (éjectable) sur un autre (prestigieux, si
l'on veut) mais qui n'avait rien à voir avec la philo (!) certes assez
proche de chez moi. Je quittai l'année d'après cette académie pour
retourner à Paris, ayant compris que "cela" pourrait durer toute ma
carrière ou du moins ? 10 ans avant que j'obtienne un poste pour lequel
j'étais formée.
Il va sans dire que j'aurais pu continuer sur cette glorieuse lancée toute la vie professionnelle sans en pâtir, à quelques conditions cependant, comme tous (la majorité était dans des cas plus ou moins foireux, mais divers et variés) : ne jamais faire grève ou pas trop, ou seulement dans les endroits où les syndicats étaient tout-puissants, -là c'est de ne pas la faire qui eût été dangereux- être toujours en phase avec sa hiérarchie ou passe muraille même en cas de gros couac etc...) Je n'en ai pas fait de best-seller, je le regrette à
présent.
* Sans
aller chercher loin, Maupassant agit exactement de cette manière, ayant
obtenu par relation un poste adminstratif alimentaire qu'il négligea
totalement pour écrire, ceci sans la moindre sanction. Nietzsche aussi,
qui n'enseigna que très peu de temps, bien que théoriquement en poste
toute sa carrière, jusqu'à sa dépression psychotique. Que sont devenus
ceux qui les remplacèrent si toutefois ils furent remplacés (parfois les
postes étant sur mesure, fictifs, il n'en est nul besoin)? Nul ne sait.
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Contradictory response to Zoe Shepard from a "low official" ("Completely overwhelmed")
Quickly: sometimes officials, after some prestigious contest, ENA for example, intentionally opt for cool jobs in order to laze or paradoxically by ambition, to devote themselves to another more promising career (political, literary, artistic etc. ..) Among all administrations they can run, "finance" is at the top but you have to work, "culture", the low but you can spend your time bumming. Having a chief with a simple CAP who doesn't know the time it really takes for an synthetic article, a study or diagram (1 hour) and in any case will never dare you make remarks is more than comfortable *.
This is never punished and it even happens that the filou succeeds much better (elsewhere or in the job) that the hard worker. Example: A long time ago, I had to replace a colleague, philosophy teacher, in a provincial town,who had not assured his courses during 3 months. Sick? Not at all. He was in Paris for contacts, running for detachment as "cultural attached" in Argentina. The headmaster begged him to give him a "sickness stop working" .. time to have his official appointment but he said he can't.
The parents, all the good bourgeoisie of the city, protested very hard ... while, during all this time, as "TR", although I was paid, I bored as a dead rat without job or without philosophy teacher position. I remember that in one of the job I have had, the headmaster had received me very kindly, asking me what he was going to make me do ... and I replied that I could assure for example the "call forwarding" (that is to say climbing as soon as possible the 4 fours floors when the telephone was ringing to fetch the requested person, because they had only one phone.. on the ground floor!) "I am athletic" .. "This is what is called using the skills" ..
In short, when finally I was appointed (what a joy!), I was welcomed with red carpet, parents, headmaster, all ready to help me, good salary, apartment next the high school, a school for my son just across the street ("if you want, we can expedite a pawn to take him there the morning or when you can't" !), the highschool open for me day and night with the entire library at my disposal (" when you have finished, knock on the window, I'll close ") and an "assistant" to do my photocopies in real time, all I wanted ! 3 terminal classes (L), three (!) coefficient 8 (!) who were without philosophy teacher since 3 months! to make up for that ... ! It was the hell.
Epilogue: the colleague has had his promotion in Argentina, paid twice, he spent his time in conferences, worldly visits, exhibitions, tours etc. .. (Possibly effective, I do not know); all my (his) students have had their bacalaureate (but I finished in "burn out" as we say) and the following year, though benefiting from a super report from the headmaster, the job was awarded to another colleague (by relationship) .. and I obtained another one (prestigious, if you will) but that had nothing to do with philosophy (!) near my home, OK. I left the year after this academy to return to Paris, having understood that "it" could take my whole career or at least 10 years before I get the position for which I was formed.
It goes without saying that I could have continue this momentum throughout all my career without suffer, on the contrary, to some conditions however, like all my holders colleagues (in most cases,, more or less in similar situations): never do strike or not too, or only in places where unions were all powerful, (it is not to do that would have been dangerous here!) still be in tune with my superiors or wall-passes and so on... I have not made a bestseller, I regret it now.
* Without going further, Maupassant acted exactly in this way, having obtained (by relationship) an "food" job in an department, that he had totally neglected, in order to write, without any sanction. Nietzsche too, who, during his entire career as philosophy teacher, has worked very shortly, although theoretically serving and paid, until his psychotic depression. What happened to those who replaced them, if they were replaced (sometimes the jobs are fictitious and it is no necessary)? No one know.